Alana CAMUS HOLLAND, original vocalist, lyricist & composer, 
		/ chanteuse novatrice, parolière & compositrice.
Wave / Vague.
Anchor / Ancre.
Albatros / Albatros.

Album 6:
There are further proofs (off the range)

07
From here to Landerneau

English flag / Drapeau anglais


07
D'ici à Landerneau

French flag / Drapeau français


Part 1

12 miles do not represent a very long trip by rail.

Yet, in those early days, it was felt more like a magical journey

when, every sixth month, Mum relaxed, Godmother tense and I,

we took the red on cream omnibus to visit, a few yards upward

the small castle that neighboured the rustic station

our elder kins...

...for their house, Fido the great black pet, colourful rabbits,

hens' devolved ground, the venerable Citroën looked so nicely

out of the computable time. From the quiet hall,

sheltered by its high wooden furniture, the big Comtoise clock

marked a perfect beat, no metronome would equal.

Between the maturing apples, well classified dated magazines,

while voices' dialogues in the kitchen provided

a smooth backtracking, the cosy loft allowed me to reach, at last,

another fifth dimension where barriers an imposed childhood had edified

crumbled without a noise.

Mysterious but also attractive, less lighted, the basement displayed

in a fantastic collection large and small tools.

All the rooms freely communicated, they might be crossed

differentiating the rhythms, what a fine experiment to perform!

Saturnin, the distinguished duck philosophised on the screen,

self denial as always, Tante Dine, pleasantly,

approved my reels and comments, saying: “You are unique!

Benevolent genius, the uncle Claude,

with a jocund deepened tone

gave each moment shared its plain quality.

Part 2

Half resolved, the proud seventies moved forward

when, improper, braked graduation, psychiatric recourse.

These emphatic alibis were no longer needed to justify

an unconventional way of life.

Recent issues, complementary gems: records and their purchase

still unfolded above the sole electric field

an efficient parachut for a cushioned landing.

Scornful, vindictive, the local Ginsbergs had taken their revenge.

On the mend after my own crash despite them

but de-stabilized enough when considered the writing process,

fears roved again. Without the faintest money supply,

even the rocking surrounds were jeopardized.

So, like a shameful beggar in disguise,

one afternoon, I dared to ring the bell of the secular oasis.

Taking hold bravely on her stick, my careful relative

opened the gate, listened, complimented

then she told me how, bitten by a wasp in the throat,

the good shepherd departed. Inside, very little had changed.

If, undoubtedly, the wondering sensation paled,

my eyes retained everything. I came back the wallet

as empty as before, nevertheless enriched.

Such an exchange between us would be the last.

Part 3

Unfailing, there on a bench during the three ceremonies

where was paid to my beloved ones the final tribute,

understanding support when, later on the phone, I disclosed

the reality of my nature, this loyal and reserved second cousin

stayed on my mind for almost a decade as the only

family member I agreed about.

Rebuiding turns went so hard, they made me postpone

a steady call, a letter. Awfully late was tempted

the reconnection with the ageing person.

Hearing my voice, she hesitated but reckoned

its genuine concern. January cards to both sides

have brought their comfort since. Then , I evoked,

in ventured lines, the vibrant memory, her parents.

No anger or trouble resulted from that,

she answered our wishes recently.

So, I've let these notes pursue the quest

above the street of sweet briars

and travel through another scale

from here to Landerneau.

5 February 2015

Partie 1

20 kilomètres ne représentent pas une bien grande distance par le rail.

Pourtant, en ces périodes de jeunesse, leur ressenti ressemblait plus

à celui d'un périple magique quand, tous les semestres, Maman détendue,

Marraine crispée et moi, nous prenions l'omnibus rouge sur fond crème

pour rendre visite, quelques centaines de mètres au dessus du petit château

qui avoisinait la gare rustique, à nos proches plus âgés...

...car leur maison, Fido le grand chien noir si gentil, les lapins bigarrés,

l'enclos dévolu aux poules, la vénérable Citroën paraissaient, avec tant de charme,

hors du temps calculable. Depuis le couloir tranquille, abritée

par son haut gainage de bois, la grosse horloge comtoise

marquait un tempo parfait avec lequel aucun métronome ne pourrait rivaliser.

Entre les pommes mûrissantes, les piles impeccables d'anciens magazines,

alors que les dialogues des voix dans la cuisine fournissaient

un accompagnement sonore régulier, le grenier confortable me permettait d'atteindre enfin

une autre 5ème dimension où les barrières qu'une enfance imposée avait édifiées

s'effondraient sans un bruit.

Mystérieux mais aussi attrayant, moins éclairé, le sous-sol mettait en évidence

une fantastique collection d'outils de tailles variées.

Toutes les pièces communiquaient librement, il était possible de les traverser

en différenciant les rythmes, quelle belle expérience à accomplir!

Saturnin, le canard distingué, philosophait sur l'écran.

Modèle d'abnégation, comme toujours, Tante Dine, plaisamment,

approuvait mes rondes et commentaires en disant: «Toi alors!»

Génie bienveillant, l'oncle Claude,

par son ton profond et jovial,

donnait à chaque moment partagé la plénitude de sa valeur.

Partie 2

A demi résolues, les fières années 70 continuaient leur avance

pendant qu'inappropriés, course aux diplômes et recours à la psychiatrie

tentaient de les freiner. Ces alibis emphatiques n'étaient désormais plus utiles

pour justifier une façon de vivre hors normes.

Parutions récentes, joyaux de complément: les disques et leur recherche

déployaient encore au dessus d'un ciel uniquement électrique

un parachute efficace pour atterrir en douceur.

Méprisants, vindicatifs, les Ginsbergs[1] locaux avaient pris leur revanche.

En voie de guérison après ma chute vertigineuse malgré eux

mais suffisamment déstabilisées pour compromettre un processus d'écriture,

craintes et angoisses revinrent rôder. Sans le moindre apport d'argent,

même l'environnement syncopé se trouvait menacé.

Aussi, pareille à un mendiant honteux sous un déguisement,

lors d'un après-midi, j'osai appuyer sur la sonnette de l'oasis séculaire.

S'appuyant bravement sur sa canne, ma parente attentive

ouvrit la porte, écouta, complimenta

puis elle me raconta comment, mordu par une guêpe dans la gorge,

le bon berger était parti. A l'intérieur, il y avait très peu de changement.

Si, sans aucun doute, la sensation d'émerveillement s'affadit,

mes yeux retinrent tout ce qu'ils voyaient. Je revins le portefeuille

aussi vide qu'auparavant, néanmoins enrichie.

Cet échange d'une rare intensité allait s'avérer le dernier.

Partie 3

Sans faillir, présente sur un banc durant les trois cérémonies

où fut rendu à ceux que j'aimais tant le dernier hommage,

soutien compréhensif quand, plus tard au téléphone, je révélai

la réalité de ma nature, cette cousine au second degré loyale et réservée

resta dans mon esprit pendant presque dix ans comme le seul

membre de la famille que j'acceptais de considérer.

Les aléas inévitables pour se reconstruire se montrèrent si pénibles

qu'ils me firent remettre un appel serein, une lettre. Affreusement tard fut tentée

la reprise de contact avec la personne prenant de l'âge.

En entendant ma voix, elle hésita mais estima finalement sincère

son regain d'intérêt. Les cartes de janvier, des deux côtés, ont apporté

leur réconfort depuis. Je pris ensuite le risque d'évoquer,

en des lignes succintes, le souvenir vibrant, sa mère, son père.

Il n'en résulta nulle fâcherie ou embarras,

elle a répondu à nos vœux récemment.

Aussi, j'ai laissé ces notes poursuivant leur quête

au dessus de la rue des Eglantiers

voyager par le biais d'une autre gamme

d'ici à Landerneau.

5 février 2015


[1] les Ginsbergs locaux: Allen Ginsberg, poète de la beat generation, fut également l'un des fondateurs du mouvement hippie. Ses piètres imitateurs brestois firent preuve d'une sinistre méchanceté à mon égard lorsque j'étais dans le désarroi en 1975.

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