Part 1
12 miles do not represent a very long trip by rail.
Yet, in those early days, it was felt more like a magical journey
when, every sixth month, Mum relaxed, Godmother tense and I,
we took the red on cream omnibus to visit, a few yards upward
the small castle that neighboured the rustic station
our elder kins...
...for their house, Fido the great black pet, colourful rabbits,
hens' devolved ground, the venerable Citroën looked so nicely
out of the computable time. From the quiet hall,
sheltered by its high wooden furniture, the big Comtoise clock
marked a perfect beat, no metronome would equal.
Between the maturing apples, well classified dated magazines,
while voices' dialogues in the kitchen provided
a smooth backtracking, the cosy loft allowed me to reach, at last,
another fifth dimension where barriers an imposed childhood had edified
crumbled without a noise.
Mysterious but also attractive, less lighted, the basement displayed
in a fantastic collection large and small tools.
All the rooms freely communicated, they might be crossed
differentiating the rhythms, what a fine experiment to perform!
Saturnin, the distinguished duck philosophised on the screen,
self denial as always, Tante Dine, pleasantly,
approved my reels and comments, saying: “You are unique!”
Benevolent genius, the uncle Claude,
with a jocund deepened tone
gave each moment shared its plain quality.
Part 2
Half resolved, the proud seventies moved forward
when, improper, braked graduation, psychiatric recourse.
These emphatic alibis were no longer needed to justify
an unconventional way of life.
Recent issues, complementary gems: records and their purchase
still unfolded above the sole electric field
an efficient parachut for a cushioned landing.
Scornful, vindictive, the local Ginsbergs had taken their revenge.
On the mend after my own crash despite them
but de-stabilized enough when considered the writing process,
fears roved again. Without the faintest money supply,
even the rocking surrounds were jeopardized.
So, like a shameful beggar in disguise,
one afternoon, I dared to ring the bell of the secular oasis.
Taking hold bravely on her stick, my careful relative
opened the gate, listened, complimented
then she told me how, bitten by a wasp in the throat,
the good shepherd departed. Inside, very little had changed.
If, undoubtedly, the wondering sensation paled,
my eyes retained everything. I came back the wallet
as empty as before, nevertheless enriched.
Such an exchange between us would be the last.
Part 3
Unfailing, there on a bench during the three ceremonies
where was paid to my beloved ones the final tribute,
understanding support when, later on the phone, I disclosed
the reality of my nature, this loyal and reserved second cousin
stayed on my mind for almost a decade as the only
family member I agreed about.
Rebuiding turns went so hard, they made me postpone
a steady call, a letter. Awfully late was tempted
the reconnection with the ageing person.
Hearing my voice, she hesitated but reckoned
its genuine concern. January cards to both sides
have brought their comfort since. Then , I evoked,
in ventured lines, the vibrant memory, her parents.
No anger or trouble resulted from that,
she answered our wishes recently.
So, I've let these notes pursue the quest
above the street of sweet briars
and travel through another scale
from here to Landerneau.
5 February 2015
Partie 1
20 kilomètres ne représentent pas une bien grande distance par le rail.
Pourtant, en ces périodes de jeunesse, leur ressenti ressemblait plus
à celui d'un périple magique quand, tous les semestres, Maman détendue,
Marraine crispée et moi, nous prenions l'omnibus rouge sur fond crème
pour rendre visite, quelques centaines de mètres au dessus du petit château
qui avoisinait la gare rustique, à nos proches plus âgés...
...car leur maison, Fido le grand chien noir si gentil, les lapins bigarrés,
l'enclos dévolu aux poules, la vénérable Citroën paraissaient, avec tant de charme,
hors du temps calculable. Depuis le couloir tranquille, abritée
par son haut gainage de bois, la grosse horloge comtoise
marquait un tempo parfait avec lequel aucun métronome ne pourrait rivaliser.
Entre les pommes mûrissantes, les piles impeccables d'anciens magazines,
alors que les dialogues des voix dans la cuisine fournissaient
un accompagnement sonore régulier, le grenier confortable me permettait d'atteindre enfin
une autre 5ème dimension où les barrières qu'une enfance imposée avait édifiées
s'effondraient sans un bruit.
Mystérieux mais aussi attrayant, moins éclairé, le sous-sol mettait en évidence
une fantastique collection d'outils de tailles variées.
Toutes les pièces communiquaient librement, il était possible de les traverser
en différenciant les rythmes, quelle belle expérience à accomplir!
Saturnin, le canard distingué, philosophait sur l'écran.
Modèle d'abnégation, comme toujours, Tante Dine, plaisamment,
approuvait mes rondes et commentaires en disant: «Toi alors!»
Génie bienveillant, l'oncle Claude,
par son ton profond et jovial,
donnait à chaque moment partagé la plénitude de sa valeur.
Partie 2
A demi résolues, les fières années 70 continuaient leur avance
pendant qu'inappropriés, course aux diplômes et recours à la psychiatrie
tentaient de les freiner. Ces alibis emphatiques n'étaient désormais plus utiles
pour justifier une façon de vivre hors normes.
Parutions récentes, joyaux de complément: les disques et leur recherche
déployaient encore au dessus d'un ciel uniquement électrique
un parachute efficace pour atterrir en douceur.
Méprisants, vindicatifs, les Ginsbergs[1] locaux avaient pris leur revanche.
En voie de guérison après ma chute vertigineuse malgré eux
mais suffisamment déstabilisées pour compromettre un processus d'écriture,
craintes et angoisses revinrent rôder. Sans le moindre apport d'argent,
même l'environnement syncopé se trouvait menacé.
Aussi, pareille à un mendiant honteux sous un déguisement,
lors d'un après-midi, j'osai appuyer sur la sonnette de l'oasis séculaire.
S'appuyant bravement sur sa canne, ma parente attentive
ouvrit la porte, écouta, complimenta
puis elle me raconta comment, mordu par une guêpe dans la gorge,
le bon berger était parti. A l'intérieur, il y avait très peu de changement.
Si, sans aucun doute, la sensation d'émerveillement s'affadit,
mes yeux retinrent tout ce qu'ils voyaient. Je revins le portefeuille
aussi vide qu'auparavant, néanmoins enrichie.
Cet échange d'une rare intensité allait s'avérer le dernier.
Partie 3
Sans faillir, présente sur un banc durant les trois cérémonies
où fut rendu à ceux que j'aimais tant le dernier hommage,
soutien compréhensif quand, plus tard au téléphone, je révélai
la réalité de ma nature, cette cousine au second degré loyale et réservée
resta dans mon esprit pendant presque dix ans comme le seul
membre de la famille que j'acceptais de considérer.
Les aléas inévitables pour se reconstruire se montrèrent si pénibles
qu'ils me firent remettre un appel serein, une lettre. Affreusement tard fut tentée
la reprise de contact avec la personne prenant de l'âge.
En entendant ma voix, elle hésita mais estima finalement sincère
son regain d'intérêt. Les cartes de janvier, des deux côtés, ont apporté
leur réconfort depuis. Je pris ensuite le risque d'évoquer,
en des lignes succintes, le souvenir vibrant, sa mère, son père.
Il n'en résulta nulle fâcherie ou embarras,
elle a répondu à nos vœux récemment.
Aussi, j'ai laissé ces notes poursuivant leur quête
au dessus de la rue des Eglantiers
voyager par le biais d'une autre gamme
d'ici à Landerneau.
5 février 2015
[1] les Ginsbergs locaux: Allen Ginsberg, poète de la beat generation, fut également l'un des fondateurs du mouvement hippie. Ses piètres imitateurs brestois firent preuve d'une sinistre méchanceté à mon égard lorsque j'étais dans le désarroi en 1975.
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